Dans cet extrait du commentaire de
Jean Calvin sur Romains 1 :19-20, nous voyons sa compréhension de ces
versets qui ont souvent été pris comme soutiens biblique pour l’affirmation que
l’homme non-régénéré peut connaître quelque chose de Dieu. J’ai fait quelques
ajustements à la manière que certains mots étaient épelés (pour les modernisé),
et j’ai mis en gras certaines phrase clés.
« 19 Pour autant que ce. Il appelle ainsi ce
qui nous est licite et expédient de connaitre touchant Dieu : et par cela il
entend tout ce qui appartient et sert à magnifier la gloire du Seigneur : ou
(qui est autant à dire) tout ce qui nous doit émouvoir et inciter à glorifier
Dieu. Par lequel mot il signifie que notre esprit ne peut comprendre Dieu tel
qu’il est en sa grandeur, mais qu’il y a quelque certaine mesure, en laquelle
se doivent contenir les hommes : comme, aussi Dieu accommode à notre petite
portée tout ce qu’il nous dit et testifie touchant sa majesté. Tous ceux-là
donc sont hors du sens, qui veulent savoir et comprendre, que c’est de Dieu.
Car le saint Esprit, qui est le Docteur de parfaite sagesse, ne nous ramène pas
sans cause à ce qui est à connaitre de Dieu. Au reste, comment cela se connait,
il le dira tantôt. Cependant, notons qu’il a dit, En eux, plutôt que simplement. A eux : afin de mieux exprimer la
chose. Car combien que l’Apôtre use volontiers des façons de parler de la
langue Hébraïque, en laquelle la lettre Beth, qui signifie En, souventes fois est superflue : il semble toutefois qu’en ce
passage il a voulu signifier une manifestation qui presse les hommes si
vivement qu’ils ne peuvent, reculer, comme de fait chacun de nous en sent le
témoignage engravé en son cœur. Quand il
dit que Dieu le leur a manifesté : le
sens est, que l’homme a été créé à cette fin qu’il fut contemplateur de cet
excellent ouvrage du monde : que les yeux lui ont été donnez afin qu’en
regardant une si belle image, il soit amené à connaitre l’auteur même qui l’a
faite.
20 Car les choses invisibles d’icelui. Dieu en soi-même est invisible : mais pour
ce que sa majesté reluit en toutes ses œuvres et créatures, les hommes oui due
le connaitre par-là : car elles montrent clairement quel est l’ouvrier qui les
a faites. Et pour cette cause l’Apôtre aux Hébreux, XI, 3, dit, que les
siècles sont miroirs ou démonstrances des choses invisibles. Or il ne déduit
pas par le menu toutes les choses qui peuvent être considérées en Dieu, mais il monstre qu’on parvient jusques à connaitre
sa puissance et Divinité éternelle. Car il faut nécessairement que celui
qui est auteur de toutes choses, soit sans commencement, et consiste de soi-même.
Quand on est venu là, lors se montre sa Divinité : laquelle ne peut être sinon avec
toutes les vertus de Dieu, vue qu’elles sont toutes comprises sous icelle. Afin qu’ils soient sans excuse. De ceci il
appert facilement combien les hommes peuvent profiter par ceste démonstrance :
c’est qu’ils ne peuvent alléguer aucune défense au jugement, n’échapper, qu’à
bon droit ils ne méritent d’être condamnez. Tenons donc cette distinction, que
la démonstrance de Dieu par laquelle il déclare sa gloire en ses créatures, est
assez évidente, quant à la lumière qui est en icelle : mais quant à notre
aveuglement, elle n’est pas suffisante. Cependant
nous ne sommes pas tellement aveugles, que nous puissions alléguer ignorance,
que quant et quant nous ne soyons trouvez coupables de malice et perversité. Nous concevons bien qu’il y a une Divinité
: en après nous concluons aussi qu’à cette majesté Divine, quelle qu’elle soit,
honneur et révérence est due : mais sur ce point notre sens défaut, devant
que de pouvoir connaitre qui ou quel est Dieu. Et pourtant l’Apôtre aux Hébreux,
XI, 3, attribue à la foi cette lumière, de profiter comme il appartient en la
création du monde. Et non sans cause : car notre aveuglement nous empêche de
parvenir jusques au but qu’il faut. Nous voyons jusque-là, qu’il nous est
impossible d’échapper par excuse ou réplique aucune. Saint Paul démontre fort
proprement l’un et l’autre aux Actes, XIV, 16, quand il dit que le Seigneur des
temps passez a laissé cheminer les Gentils en ignorance, et que toutefois il ne
s’est point, laissé sans témoignage, vue qu’il a donné pluies du ciel, et
saisons fertiles. Il y a donc grande
différence entre cette connaissance qui sert seulement pour ôter toute excuse,
et l’autre qui est à salut, de laquelle Christ fait mention. Jean, XVII, 3
: et en laquelle Jérémie enseigne les fidèles de se glorifier, chap. IX, 24.
(Jean Calvin, Commentaire de l’épistre
aux Romains, dans Commentaire de
Jehan Calvin sur le Nouveau Testament (Paris : Ch. Meyrueis et co.,
1855), 3 :25-26.) »
David Haines
David Haines est titulaire d’un BTh., une M.A. en philosophie de Southern Evangelical Seminary, et PhD en philosophie de l'Université Laval. Ses recherches doctorales portent sur la question de l’être comme aborder par Platon, Aristote, et Martin Heidegger. David est aussi le fondateur et président de l’Association Axiome. Il fait des recherches avancées en théologie et philosophie, tel que, l’exégèse de l’épître de Paul aux Romains, la théologie naturelle, la métaphysique, l’épistémologie, la philosophie morale, et la philosophie Aristotélicienne-thomiste. David et son épouse Laury sont mariés depuis 2005, et ont 4 enfants.
Commentaire de Jean Calvin sur Romains 1 :19-20
Dans cet extrait du commentaire de Jean Calvin sur Romains 1 :19-20, nous voyons sa compréhension de ces versets qui ont souvent été pris comme soutiens biblique pour l’affirmation que l’homme non-régénéré peut connaître quelque chose de Dieu. J’ai fait quelques ajustements à la manière que certains mots étaient épelés (pour les modernisé), et j’ai mis en gras certaines phrase clés.
« 19 Pour autant que ce. Il appelle ainsi ce qui nous est licite et expédient de connaitre touchant Dieu : et par cela il entend tout ce qui appartient et sert à magnifier la gloire du Seigneur : ou (qui est autant à dire) tout ce qui nous doit émouvoir et inciter à glorifier Dieu. Par lequel mot il signifie que notre esprit ne peut comprendre Dieu tel qu’il est en sa grandeur, mais qu’il y a quelque certaine mesure, en laquelle se doivent contenir les hommes : comme, aussi Dieu accommode à notre petite portée tout ce qu’il nous dit et testifie touchant sa majesté. Tous ceux-là donc sont hors du sens, qui veulent savoir et comprendre, que c’est de Dieu. Car le saint Esprit, qui est le Docteur de parfaite sagesse, ne nous ramène pas sans cause à ce qui est à connaitre de Dieu. Au reste, comment cela se connait, il le dira tantôt. Cependant, notons qu’il a dit, En eux, plutôt que simplement. A eux : afin de mieux exprimer la chose. Car combien que l’Apôtre use volontiers des façons de parler de la langue Hébraïque, en laquelle la lettre Beth, qui signifie En, souventes fois est superflue : il semble toutefois qu’en ce passage il a voulu signifier une manifestation qui presse les hommes si vivement qu’ils ne peuvent, reculer, comme de fait chacun de nous en sent le témoignage engravé en son cœur. Quand il dit que Dieu le leur a manifesté : le sens est, que l’homme a été créé à cette fin qu’il fut contemplateur de cet excellent ouvrage du monde : que les yeux lui ont été donnez afin qu’en regardant une si belle image, il soit amené à connaitre l’auteur même qui l’a faite.
20 Car les choses invisibles d’icelui. Dieu en soi-même est invisible : mais pour ce que sa majesté reluit en toutes ses œuvres et créatures, les hommes oui due le connaitre par-là : car elles montrent clairement quel est l’ouvrier qui les a faites. Et pour cette cause l’Apôtre aux Hébreux, XI, 3, dit, que les siècles sont miroirs ou démonstrances des choses invisibles. Or il ne déduit pas par le menu toutes les choses qui peuvent être considérées en Dieu, mais il monstre qu’on parvient jusques à connaitre sa puissance et Divinité éternelle. Car il faut nécessairement que celui qui est auteur de toutes choses, soit sans commencement, et consiste de soi-même. Quand on est venu là, lors se montre sa Divinité : laquelle ne peut être sinon avec toutes les vertus de Dieu, vue qu’elles sont toutes comprises sous icelle. Afin qu’ils soient sans excuse. De ceci il appert facilement combien les hommes peuvent profiter par ceste démonstrance : c’est qu’ils ne peuvent alléguer aucune défense au jugement, n’échapper, qu’à bon droit ils ne méritent d’être condamnez. Tenons donc cette distinction, que la démonstrance de Dieu par laquelle il déclare sa gloire en ses créatures, est assez évidente, quant à la lumière qui est en icelle : mais quant à notre aveuglement, elle n’est pas suffisante. Cependant nous ne sommes pas tellement aveugles, que nous puissions alléguer ignorance, que quant et quant nous ne soyons trouvez coupables de malice et perversité. Nous concevons bien qu’il y a une Divinité : en après nous concluons aussi qu’à cette majesté Divine, quelle qu’elle soit, honneur et révérence est due : mais sur ce point notre sens défaut, devant que de pouvoir connaitre qui ou quel est Dieu. Et pourtant l’Apôtre aux Hébreux, XI, 3, attribue à la foi cette lumière, de profiter comme il appartient en la création du monde. Et non sans cause : car notre aveuglement nous empêche de parvenir jusques au but qu’il faut. Nous voyons jusque-là, qu’il nous est impossible d’échapper par excuse ou réplique aucune. Saint Paul démontre fort proprement l’un et l’autre aux Actes, XIV, 16, quand il dit que le Seigneur des temps passez a laissé cheminer les Gentils en ignorance, et que toutefois il ne s’est point, laissé sans témoignage, vue qu’il a donné pluies du ciel, et saisons fertiles. Il y a donc grande différence entre cette connaissance qui sert seulement pour ôter toute excuse, et l’autre qui est à salut, de laquelle Christ fait mention. Jean, XVII, 3 : et en laquelle Jérémie enseigne les fidèles de se glorifier, chap. IX, 24. (Jean Calvin, Commentaire de l’épistre aux Romains, dans Commentaire de Jehan Calvin sur le Nouveau Testament (Paris : Ch. Meyrueis et co., 1855), 3 :25-26.) »
David Haines
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