Basile de Césarée sur les livres païens

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L’extrait suivant vient d’un discours de Saint Basile le grand (330-379), un des pères Grecs de Cappadoce qui a défendu la doctrine de la Trinité contre les Ariens du quatrième siècle. Ce discours est adressé aux jeunes, sur l’utilité qu’ils peuvent retirer de la lecture des livres païens.

« Mes enfants, nous ne faisons absolument aucun cas de cette vie terrestre, et nous ne saurions ni regarder comme un bien, ni appeler de ce nom tout objet dont l’utilité ne s’étend pas au-delà. Ainsi, ni l’éclat de la naissance, ni la force, la beauté, la grandeur du corps, ni les hommages des peuples, ni la royauté même, en un mot, rien de ce qui peut être appelé grand dans le monde, n’est un bien pour nous, et ne mérite le moindre de nos souhaits : ceux qui possèdent ces avantages ne nous font point envie; nous portons plus haut nos espérances, et dans toutes nos actions nous n’envisageons qu’un but, celui de nous préparer à une autre vie. Tout ce qui peut servir à cette fin doit être l’objet de notre amour et de nos plus vives recherches ; mais ce qui ne peut y conduire, il le faut rejeter comme méprisable. (ch. 2, p. 17)

Dire quelle est cette autre vie, quels en seront le séjour et la nature, serait un discours à la fois trop long pour le sujet qui m’occupe, et trop au-dessus de votre âge et de vos connaissances. Je ne dirai qu’un mot qui pourra peut-être vous en donner une idée suffisante. Si l’on pouvait concevoir et réunir par la pensée toutes les félicités du mondé, depuis la création de l’homme, l’on verrait qu’elles n’égalent pas la moindre portion du bonheur de l’autre vie; que l’ensemble des biens d’ici-bas, apprécié à sa juste valeur, est plus éloigné du moindre des biens de la vie future que les ombres et les songes me le sont de la réalité ; ou plutôt, pour me servir d’un exemple plus approprié au sujet, autant l’âme est plus précieuse que le corps, autant l’autre vie l’emporte sur celle de ce monde. (ch. 3, p. 19)

Ce sont les divines Écritures qui nous conduisent à cette autre vie; elles nous en ouvrent la voie par l’enseignement des saints mystères. Tant que l’âge ne nous permet point d’en pénétrer le sens et la profondeur, arrêtons nos regards sur des objets qui n’y soient pas. Tout-à-fait contraires, et exerçons sur eux la vue de notre âme, comme sur des ombres et des miroirs. Prenons exemple de ceux qui veulent se former aux exercices militaires : ils apprennent d’abord les gestes et les danses, et après avoir acquis de l’adresse à ces divers jeux, ils vont dans les combats en recueillir le fruit. Persuadons-nous bien que la plus grande de toutes les luttes nous est proposée; qu’elle demande toutes sortes de travaux, de fatigues et d’efforts; et que, pour s’y préparer, il faut fréquenter les poètes, les historiens, les orateurs, enfin tous ceux dont le commerce peut être de quelque utilité pour notre âme.

Comme les teinturiers disposent par des opérations préparatoires l’étoffe destinée à recevoir la teinture, et la trempent ensuite dans la pourpre ou quel qu’autre couleur, de même si nous voulons que les traces de la vertu demeurent ineffaçables dans nos âmes, nous commencerons par nous initier dans ces connaissances étrangères, avant de nous livrer à l’étude des choses sacrées et mystérieuses; et, après nous être, en quelque sorte, exercés à voir le soleil dans le crystal des eaux, nous fixerons nos regards sur sa lumière toute pure. (ch. 4, p. 19-23) »

(Basile le Grand, Discours adressé aux jeunes gens sur l’utilité qu’ils peuvent retirer de la lecture des livres païens, trad. C. A. F. Frémion (Paris : Brunot-Labbe, 1819), 17-23.)

David Haines

David Haines

David Haines est titulaire d’un BTh., une M.A. en philosophie de Southern Evangelical Seminary, et PhD en philosophie de l'Université Laval. Ses recherches doctorales portent sur la question de l’être comme aborder par Platon, Aristote, et Martin Heidegger. David est aussi le fondateur et président de l’Association Axiome. Il fait des recherches avancées en théologie et philosophie, tel que, l’exégèse de l’épître de Paul aux Romains, la théologie naturelle, la métaphysique, l’épistémologie, la philosophie morale, et la philosophie Aristotélicienne-thomiste. David et son épouse Laury sont mariés depuis 2005, et ont 4 enfants.

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