
Dans la Cité de Dieu, Augustine arrive, dans le tome 7, à parler des 3 formes de théologie selon Varron. En tome 8, il tourne vers ce qu’il appelle la théologie naturelle. Notez, dans le texte, ce qu’il dit de la définition du « philosophe » en relation avec Dieu. Plusieurs des Pères de l’église parlaient de la philosophie de cette manière. Notez, aussi, l’attitude d’Augustine envers les philosophes. Augustine reconnait quand ils disent vrai, et affirme que ce qu’ils ont découvert de Dieu aurait pu être par la réflexion humaine sur les choses de ce monde (nous dévoilant comment il comprends Romains 1 :19-20).
« Non, c’est avec des philosophes qu’il nous faut conférer, c’est-à-dire avec des hommes dont le nom s’interprète en latin, (voyez CICÉRON, II Offic.) comme exprimant un engagement formel à aimer la sagesse. Or, si par sagesse on doit entendre le Dieu par qui tout a été fait, comme l’autorité et la vérité divine l’ont démontré (Sag.,VII,25; Hébr., I, 3), le vrai philosophe est l’ami de Dieu. Mais parce que la chose même que représente ce nom ne se trouve pas dans tous ceux qui se font gloire de le porter (LACTANCE, liv. III) (et, en effet, tous ceux qui s’appellent philosophes ne sont pas pour cela amis de la sagesse), il faut sans doute, entre tous ceux dont les écrits ont pu nous faire connaître les doctrines, choisir ceux avec lesquels cette question pourra être traitée d’une manière convenable. Car dans cet ouvrage je n’ai pas entrepris de réfuter toutes les vaines opinions de tous les philosophes, mais seulement les opinions qui appartiennent à la théologie, c’est-à-dire à la science qui traite ou qui parle de la divinité, suivant la signification des mots grecs qui en sont la racine. Et encore ce ne sont pas les opinions théologiques de tous que je veux réfuter, mais seulement les opinions de ceux qui, d’accord avec nous sur l’existence de la divinité et sur le soin qu’elle prend des choses humaines, s’imaginent toutefois que le culte d’un Dieu unique et immuable n’est pas suffisant pour gagner une vie heureuse après la mort, mais qu’il faut encore pour arriver là adorer cette multitude de dieux créés et établis par le Dieu unique. Ces philosophes déjà vont bien au-delà de la sphère de Varron, ils se rapprochent bien plus que lui de la vérité. Si, en effet, Varron a pu étendre toute la théologie naturelle jusqu’à ce monde et à l’âme du monde, ceux-ci confessent au-dessus de toute nature d’âme un Dieu qui, non-seulement a fait ce monde visible nommé souvent le ciel et la terre, mais encore a créé absolument toute âme, et qui rend heureuse l’âme raisonnable et intelligente, telle que l’âme humaine, par la participation de sa lumière incorporelle et immuable. Ces philosophes, on les appelle platoniciens, nom dérivé de celui de leur maître Platon. Quel est celui qui pourrait ignorer cela, si peu qu’il ait entendu parler de philosophie? Au sujet de Platon, je toucherai légèrement et en peu de mots ce qui me paraît nécessaire à la présente question. Et d’abord je ferai mention de ceux qui l’ont précédé dans le même genre d’écrits. »
Après avoir donné une brève histoire de la philosophie présocratique, socratique, et platonicienne, Augustine explique comment les platoniciennes sont supérieures à tous les autres philosophes qui les ont précédés, et comment leurs enseignements ressembles aux doctrines Chrétiens. Dans le neuvième chapitre, il dit,
« Tous philosophes donc qui ont eu du Dieu souverain et véritable cette idée: qu’il est l’auteur des choses créées, qu’il est la lumière qui nous les fait connaître, qu’il est le bien qui doit nous les faire mettre en action, que de lui nous vient et le principe de la nature, et la vérité de la doctrine, et la félicité de la vie… Tous ces philosophes, dis-je, qui ont eu les mêmes sentiments et les mêmes doctrines sur Dieu, nous les préférons tous de beaucoup aux autres, et nous avouons qu’ils se rapprochent davantage de nous. »
Dans le douzième chapitre, après avoir réfléchis sur la question de comment Platon aurait pu arriver à toute ces connaissances véritables du vrai Dieu, Augustine conclus en disant,
« Mais n’argumentons pas plus longtemps pour établir à quelle source Platon a puisé ces connaissances ; que ce soit dans les livres des anciens écrits avant lui, ou plutôt, comme le dit l’Apôtre, que ce soit à cette lumière par laquelle ‘ce que l’on peut connaître de Dieu est clair et évident dans l’esprit des sages, car Dieu le leur a manifesté. En effet, depuis la fondation du monde, c’est par les choses créées que l’intelligence aperçoit les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité.’ (Rom., I, 19.) »
(Augustine, Cité de Dieu, dans tome 23 des Œuvres Complètes de Saint Augustine, trad. Péronne, Écalle, Vincent, Charpentier, et Barreau (Paris : Louis-Vives, 1873).)